Justice
1979 village de Nabeh-El-Kattine, Ftouh Kesserwan :
image de la misère engendrée par la guerre, et par les chefs de guerre devenus
plus tard nos politiciens.
Mobilier de guerre acheté à la va-vite de la galerie
« Abou Chabkeh »
Je ne suis pas dans la photo, c’est moi qui l’ai prise avec
l’appareil de mon père.
De gauche à droite on y voit :
« Tante Marie », Marie Georges Féghali Rabbath, ma
tante maternelle.
Clara Hatem, ma sœur
« Ammo Elias », Elie Georges Rabbath, Mari de ma
tante et self made man dont le père a émigré d’Alep. Sa manufacture d’habits a
été saccagée en 1975, il ne survivra que quelques années à cette photo.
Alain-Marie Rabbath, mon cousin
« Papa », Dr Salim Youssef Hatem, rongé par un
cancer fulminant, il mourra quelques mois plus tard le 21 Avril 1980. Je garde
un manuscrit de lui où il analyse et tente de comprendre le désordre qui
l’envahit. Paix à ton âme et merci de ce que tu m’as légué.
« Maman »,
Magguy Georges Féghali Hatem. Elle survivra 38 ans à son mari et verra
son petit-fils Christophe. Ses derniers mots sur son lit d’agonie seront
« en avant marche ». Paix à ton âme et merci de ce que tu m’as légué.
Samir Hatem, mon frère.
Cette photo est celle de beaucoup de libanais dont la vie
calme et sereine a été ravagée par la guerre qui a marqué à jamais sa trace
dans leurs vies.
En ce 4 février 2020 : Il est quatre heures du matin
Je me réveille en pensant au désordre actuel de mon pays. Je pense à cette
photo et à l’injustice que subissent les libanais de génération en génération
et en cette heure de l’aube où les anges révèlent, une clameur emplit ma
tête : JUSTICE.
Non, Point
de Miséricorde,
Mais
Justice.
Non, Point
de Pardon larmoyant et faiblard
Mais Justice
Non, point
de Quartier pour les méchants
Mais Justice
Justice, Justice, Justice
Notre Père
qui es aux cieux, descends
Je t’invoque
comme t’invoquait l’auteur des Psaumes :
« Traite-les d'après leurs actes et selon leurs méfaits ;
traite-les d'après leurs œuvres, rends-leur ce qu'ils méritent.
Ils n'ont compris ni l'action du Seigneur ni l'œuvre de ses
mains ; que Dieu les renverse et jamais ne les relève ! »